La véritable histoire du Baiser de l'Hôtel de Ville de Robert Doisneau

Auteur Mathieu Par Mathieu · Mis à jour le 04/02/2024
Temps de lecture : 3 minutes

Un peu d'histoire

Le baiser de l'hôtel de ville a été pris par Robert Doisneau  en 1950 avec son appareil photo Rolleiflex à Paris.

La photo, devenue célèbre dans les années 1980, représente en noir et blanc un couple qui s'embrasse sur un trottoir devant une terrasse de café, près de l'hôtel de ville de Paris

Un Rolleiflex. Photo par Bart van Dijk

La photo est en réalité une commande du magazine américain Life pour leur numéro de juin 1950, sur le thème de l'amour à Paris au printemps.

Il faut dire que la Ville Lumière était un des thèmes favoris de Doisneau, qui occupera une grande partie de sa carrière après la Seconde Guerre Mondiale (La dernière valse du 14 juillet, La marchande de fleurs, Les tabliers de la Rue de Rivoli…).
Accomplir la mission pour Life revenait donc à ce photographe.

Même si Doisneau est connu pour saisir des instants de vie courante, cette photo n'est pas tout à fait du même genre. 

Spontanée, mais en fait non

Robert Doisneau était assis dans un café lorsqu'il aperçoit un couple enlacé quelques tables plus loin. Il leur propose alors une séance photo, contre une rémunération de 500 francs de l'époque.

Le couple, deux étudiants en théâtre, Françoise Bornet née Delbart et Jacques Carteaud, accepte de prendre la pose pour le photographe

En effet, même si la photo semble avoir saisi l'instant, elle est en fait posée.

Le couple prend la pose et s'embrasse. Mais tout le décor, les passants, etc. est de l'instantané.

 Doisneau leur a donné un tirage original de la photo en guise de remerciement.

Robert Doisneau photographié par Bracha L. Ettinger

De l'oubli aux devants de la scène

La photo est tombée dans l'oubli pendant près de trente ans, jusqu'à ce qu'elle soit reproduite sur des cartes postales et des posters dans les années 1980, devenant ainsi un symbole du romantisme à Paris.

En 1986, cette photographie a en effet été tirée sous forme d'affiche, à 410 000 exemplaires, ce qui constitua un record mondial pour l'époque.

Et cette photo est encore plus revenue sur les devants de la scène en 1992.

Un couple d'imprimeurs, les Lavergne, a affirmé être les amoureux de la photo, et a réclamé 500 000 francs pour violation de sa vie privée.

Mais leur plainte a été rejetée, faute de preuves.

Ce procès fait ressurgir Françoise Bornet en 1993, qui, pour prouver qu'elle est bien l'un des protagonistes, présente un cliché original, numéroté et estampillé que le photographe avait donné aux amants après la séance photo.

Françoise Bornet fait, elle aussi, un procès et réclame 100 000 francs de rémunération complémentaire, ainsi qu'un pourcentage sur les bénéfices commerciaux. 

Mais la justice ne lui a pas donné raison, car sa position sur la photo ne la rend pas totalement reconnaissable.

Le cliché original sera vendu aux enchères en 2005, pour un moment de 185 000 €.

Mots clés :
doisneau
noir et blanc

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Illustration : Le baiser de l'Hôtel de Ville © Robert Doisneau